30.10.15

Adieu Ichabod, le Cochon-Foin



Le premier grand virage dans la vie d'Ichabod, c'était la mort de Sherlock. Il avait adopté le lapin comme étant sa mère, son copain, limite sa petite amie. Et puis il s'est retrouvé seul, avec Qwenn et moi, ayant toujours aussi peur de nous. On s'inquiétait pour lui : un cochon d'Inde est un animal grégaire capable de se laisser mourir s'il perd son compagnon. Mais Ichabod, qui avait à peine 8 mois, n'était pas encore dépressif à ce point. Il s'est habitué à vivre seul avec nous deux, il nous a accepté, tout s'arrangeait.
L'été dernier (2014 je veux dire), il y a eu le coup du calcul urinaire, des traitements, des radios, de l'anesthésie... et tout est reparti de plus belle.
A l'approche de la naissance des garçons, on a dû "enfermer" Ichabod, pour ne plus avoir à la surveiller continuellement, pour éviter la propagation de poils et micro-dépôts d'urine sur le sol au cas où les bébés soient allergiques. On lui a construit un enclos, une cavycage pour parler en connaisseur.
A partir de là, on a commencé à l'ignorer. Moi qui rebutait à le mettre en cage pour cette évidente raison que s'il ne vit plus avec nous il n'est plus l'un des nôtres. Au final il n'y avait presque plus d'interactions entre nous, autres que lui rongeant ses barreaux pour attirer notre attention ou que nous rouspétant parce qu'il sentait mauvais et qu'il fallait changer sa litière...
Chaque jour je plaignais Ichabod, son statut de cochon déchu, enfermé, ignoré... chaque jour je repoussais le moment de changer ça d'une façon ou d'une autre.
Pourtant, cette semaine j'ai entrepris de bien agrandir sa cavycage, de lui installer un étage, de modifier son système de litière pour encore plus de propreté et des moments de complicité aux moments des nettoyages quotidiens. Il avait l'air content ! Il a pas rongé ses barreaux une seule fois depuis le réaménagement de sa cage. Il était sage, gentil. Puis amorphe.
Hier son transit semble s'être arrêté en milieu d'après-midi (facile à repérer avec mon nouveau système de litière), il n'a pas voulu de sa nouvelle gamelle de légumes et croquettes, ni de son foin. Il restait tranquillement sur sa serviette, à nous observer. Cette nuit il était vraiment mou, et n'avait pas repris à manger, il a refusé le poivron et est retourné se coucher. Certains qu'il nous faisait encore un petit "coup de mou" comme ça lui est déjà arrivé plusieurs fois, sur deux ou trois jours, on lui laissait encore le temps de se rétablir avant d'appeler un vétérinaire. Si son transit n'avait pas repris ce midi, j'aurais appelé pour avoir un rendez-vous en urgence.
Il est bientôt midi. Son transit n'a pas repris. Sa cavycage est démontée, remisée à la cave avec sa litière, son foin, ses croquettes, etc. Lui il est enroulé sans sa serviette, au chaud dans sa petite boîte de transport, en attendant la prochaine étape : son enterrement dans une terre froide et humide, avec pour seule compagnie des vers nécrophages. Peut-être le traiteront-ils mieux que nous.


Il a beau y avoir cette sensation de culpabilité qui me pèse comme jamais, on reste néanmoins sûrs qu'Ichabod ne s'est pas laissé mourir. Son apathie n'a duré que moins de 24 heures, il semblait simplement trop faible pour manger, pour aller à la recherche de son foin ; et ce transit qui s'arrête. Ces oreilles si froides cette nuit.
On n'a aucune idée de ce qui s'est passé mais il n'a pas dû souffrir : on a très bien connu les cris de douleur d'Ichabod souffrant quand il avait son calcul. Non, il est parti en bon gros cochon-paté, bien dodu, dans son nid douillet...
Mais il n'avait que deux ans et demi. Il y avait là deux petits garçons qui n'attendaient que d'être un peu plus grands pour pouvoir le caresser, s'occuper de lui, le câliner... Et tous ces projets que j'avais pour lui, pour qu'il s'épanouisse plus, qu'il retrouve la "vie de famille" qu'il avait avant.
Ce matin Qwenn m'a dit que j'avais sûrement pressenti quelque chose, que ce serait pour ça que j'aurais cherché à changer la vie de notre Ichabod. Peut-être, à vrai dire je n'en sais rien. Tout ce que je sais c'est que je suis triste, que je regrette le temps perdu à le laisser seul dans son enclos et qu'il me manque déjà énormément.

2 commentaires:

  1. Moooh, pauvre petit Ichabod :(
    J'imagine comme tu dois te sentir coupable mais il a eu une belle vie avec vous ce petit...
    Qu'il repose en paix ♥

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    1. Une pas si belle vie non... Je garde en mémoire la vie que j'ai pu offrir à Sherlock, et c'est incomparable. Non, cette dernière année, Ichabod a eu une plutôt triste vie.

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